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Jour 40 - 14 Août

Chemin des Dames - Reims

La bataille du Chemin des Dames, aussi appelée « offensive Nivelle » a lieu pendant la Première Guerre mondiale. Elle commence le 16 avril 1917 à 6 heures du matin par la tentative française de rupture du front allemand entre Soissons et Reims vers Laon, sous les ordres du général Nivelle : « L'heure est venue, confiance, courage et vive la France ! ». La bataille se prolonge jusqu'au 24 octobre 1917 avec peu de succès et de très lourdes pertes humaines dans les deux camps.

L'origine du nom "Chemin des Dames" est bien antérieure à la Première Guerre mondiale. Elle remonte à la veille de la Révolution de 1789, à une époque où on appelait "Mesdames" les filles du Roi Louis XV (les tantes de Louis XVI). En prévision d'un voyage que devaient faire à la Bove Madame Adélaïde et sa soeur Sophie, Madame de Narbonne n'a cessé de demander, à partir de 1780, à l'administration des Ponts et Chaussées la transformation en route carrossable du chemin qui allait du carrefour de l'Ange Gardien (entre Laon et Soissons, sur l'actuelle RN 2) à Corbeny (sur l'actuelle RN 44 / D1044). Après bien des rebondissements, la "route pour les Dames" a fini par être construite au cours des années 1785 - 1789. Il semble bien que les Mesdames de France ne l'ont jamais empruntée, une fois terminée.

Le Chemin des Dames est un plateau calcaire, orienté est-ouest. Ce plateau est un bel observatoire, tant vers le nord et la plaine située à l'est entre Reims et Laon, que celle située au sud depuis Soissons. Les Allemands sont présents sur le plateau depuis septembre 1914. Ils ont eu le temps de transformer cet observatoire en forteresse en aménageant les carrières souterraines, en creusant des souterrains permettant de relier l'arrière aux premières lignes, en édifiant et camouflant de nombreux nids de mitrailleuses. Depuis cette date, c'est un secteur relativement tranquille qui n'a pas fait l'objet, depuis la fin 1915, de grosses offensives. Les Allemands tiennent la ligne de crête et les Français sont établis sur les pentes.

Selon les points de vue, l'offensive Nivelle a été décrite comme une grave défaite stratégique des Français, ou une coûteuse demi-victoire. Les Français ont bel et bien conquis quelques positions stratégiques et détruit des forces allemandes considérables, mais sont loin d'atteindre les objectifs de l'offensive. Les Allemands ont épuisé leurs réserves, mais tiennent encore. Après de nombreux échecs et le bain de sang de Verdun, des pertes qui auraient été jugées acceptables en 1915 ne le sont plus. Pétain prend la place de Nivelle (muté à Alger), à la tête du grand quartier général français (GQG), le 15 mai 1917, au moment où éclatent les premières mutineries, signe de désespoir et de découragement dans une partie des troupes françaises.

A 9h du matin, à l'est du Chemin des Dames, les chars d'assaut sont engagés dans le secteur de Berry-au-Bac, mais cette première intervention des chars dans l'Armée française est un échec cuisant ! Sur 128 chars engagés, 57 sont détruits, 64 sont tombés en panne ou sont enlisés. En effet, ces chars sont lourds, lents (4 km/h) et restent souvent prisonniers d'un terrain marécageux. Ce sont donc des cibles faciles pour l’artillerie, d'autant plus que le réservoir d'essence placé sur le côté n'est pas protégé. Les pertes là aussi sont lourdes : 33 officiers et 147 soldats.

Les troupes coloniales subirent de lourdes pertes (Un peu comme si on les avait envoyé à la boucherie devant les métropolitains mais c'est pas possible puisque les méchants c'est les allemands...). Les tirailleurs sénégalais perdent 45% de leurs membres le premier jour de l'attaque !

Si vous passez par là, ne manquez pas la visite de la Caverne du dragon ! Ce sont les Allemands qui, lors de leur occupation de la caverne, l'ont surnommée la caverne du Dragon (Drachenhöhle en allemand). Les flammes et étincelles des mitrailleuses, sortant des entrées de la caverne au cours des combats, leur faisaient penser aux flammes crachées par les dragons depuis leurs grottes. La caverne est à l'origine une carrière souterraine, d'une superficie de 3 hectares située à 14 mètres de profondeur, creusée au Moyen Âge dans le calcaire du plateau. Ses pierres ont notamment servi à la construction de l'abbaye de Vauclair.

La caverne était assez organisée, elle servait, d'abri, de cantonnement, de dortoir, de lieu de culte, à stocker les munitions, la nourriture, les soldats et l'eau.... Elle contenait pharmacie, bloc opératoire, puits d'eau, une chapelle... Près de 400 soldats y ont vécu pendant les 4 années de la guerre, à 15 mètres sous terre, par 12 degrés et 90% d'humidité.

Après cette belle journée historique, nous terminons à Reims. On a été globalement décu par la ville. La cathédrale par exemple nous a paru assez quelqconque par rapport à Beauvais par exemple.

La cathédrale Notre-Dame de Reims est connue pour avoir été, à partir du 11ème siècle, le lieu de la quasi-totalité des sacres des rois de France. La hauteur de la nef sous voûte, de 38 mètres, est bien inférieure à celle de la Notre-Dame d'Amiens (42,30 m) et à celle de Saint-Pierre de Beauvais (46,77 m).

Bon qui dit Reims dit "Champagne" mais on y reviendra demain...

Avant de quitter ce coin, je voulais aller à l'ancien circuit situé à environ 5 km à l'ouest de Reims entre les villages de Thillois et de Gueux. Le circuit fut utilisé pour la première fois en 1926 pour le deuxième Grand Prix de la Marne organisé par l'Automobile Club de Champagne. Treize ans après, en 1938, l'Automobile Club de France l'utilisera pour le Grand Prix de France et la première course de Formule 1 officielle sera courue ici en 1950. Le circuit était constitué de trois longues lignes droites de routes (RN 31, CD 26 et CD 27) et de trois virages (Gueux, La Garenne et La Bonne Rencontre).

Le circuit a été utilisé pour la dernière fois par des Formule 1 en 1966, le dernier meeting (avec des courses de F2, F3, R8 Gordini et Critérium FFSA) en 1969 et la dernière compétition (Championnat de France de moto) le 11 juin 1972. Le circuit sera fermé définitivement en 1972 à la suite de problèmes financiers devenus insurmontables. Il aura accueilli quatorze Grand Prix de France de Formule 1 dont plusieurs hors championnat.

Une grande partie des stands et une partie du tracé sont encore visibles. Une association, Les Amis du Circuit de Gueux, est créée en février 2007 et œuvre pour la sauvegarde de ce patrimoine régional et pour conserver les traces de ce circuit mythique et apprécié des concurrents de l'époque.