Les journées se suivent mais ne se ressemblent pas. Après la magnifique journée d'hier, on se réveille dans un sale temps gris et une bruine typiquement bretonne. Du coup on décide de filer chez des amis qui ont une maison pas très loin après avoir fait la Pointe Saint Mathieu puisqu'on a dormi à proximité.

La pointe Saint-Mathieu, formée de falaises abruptes balayées par le vent et la mer, est un cap s'avançant dans l'océan Atlantique, en prolongement des falaises qui forment la limite nord de la rade de Brest et face à l'île de Béniguet. L'endroit est très sauvage, sans véritable végétation, bref comme j'aime. Son contournement a toujours représenté un danger certain pour les navigateurs.

Dominant le mouillage de tout navire empruntant depuis la préhistoire le chenal du Four, l'Abbaye Saint-Mathieu connait à partir de 1157, sous l'impulsion des comtes de Léon y collectant leur droit de bris (Droit de se servir sur les épaves de navire), un rayonnement exceptionnel et devient au 14ème siècle le centre d'une ville de plus deux mille habitants dotée d'un port à l'activité internationale, que l'on peine à imaginer en voyant le lieu quasi désert d'aujourd'hui.

Les faits de guerre et une administration désastreuse eurent progressivement raison de la florissante richesse passée de l'abbaye, qui est saccagée par les Anglais en 1538 (l'agglomération autour de l'abbaye avait alors 36 rues, 4 subsistaient en 1686). La peste et la famine décimèrent également la population de la ville de Saint-Mathieu pendant le 17ème siècle, réduisant encore ses revenus. En 1618, il ne restait que quatre religieux, puis deux, 20 ans plus tard. La révolution sera fatale à l'endroit.