© 2018. Tous Droits Réservés.

Jour 43 - Vendredi 24 Août

Nuremberg

Le Reichsparteitagsgelände (littéralement en allemand : « terrain du congrès du parti du Reich ») est un gigantesque complexe architectural, situé au sud-est de la ville de Nuremberg, qui a accueilli, de 1933 à 1938, les congrès annuels du NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands). Cet ensemble est la première grande réalisation d'Albert Speer, l'architecte d'Adolf Hitler. Sa conception reste l'un des symboles de l'architecture à l'époque nationale-socialiste et fut l'un des principaux instruments au service de la propagande du régime, notamment dans le cadre du film de Leni Riefenstahl, le Triomphe de la volonté.

Situé à l'est de la Große Straße, le Zeppelinfeld (« Champ Zeppelin ») peut accueillir jusqu'à 320 000 personnes, dont 70 000 spectateurs dans les tribunes séparées entre elles par 34 piliers, sur lesquels étaient disposés des drapeaux. La tribune principale (la Zeppelinhaupttribüne) d'une longueur de 390 m et d'une hauteur de 24 m, l'une des premières constructions d'Albert Speer pour le parti national-socialiste, était inspirée du grand autel de Pergame1. Elle était surmontée d'une croix gammée sculptée en pierre, dont le dynamitage par l'armée américaine, le 25 avril 1945, a été immortalisé par une séquence filmée devenue l'un des symboles les plus représentatifs de la chute du national-socialisme.

Sur le Zeppelinfeld, avait lieu chaque année une fête organisée pour le corps des petits et moyens fonctionnaires du parti, ceux qui étaient appelés les administrateurs. Comme ces derniers ne défilaient pas aussi bien que les SA ou le service du travail, Albert Speer proposa de les faire défiler dans l'obscurité : lors d'une cérémonie nocturne, des milliers d’étendards des groupes locaux d'Allemagne seraient rassemblés derrière les murs de l'esplanade qui les cacheraient de leur hauteur, jusqu'au moment où, à un commandement, les porteurs d'étendards, divisés en dix colonnes, avanceraient dans les dix travées formées par les administrateurs venus s'aligner sur le terre-plein ; alors 130 projecteurs de défense antiaérienne éclaireraient les étendards et les aigles qui les surmontaient.

Le résultat dépassa les espérances de Speer : les 130 projecteurs, placés à 12 m les uns des autres, illuminèrent le ciel de leurs faisceaux qui se fondaient à une hauteur de 6 à 8 km en une vaste nappe lumineuse. Albert Speer considéra cette « cathédrale de lumière » comme sa plus belle création spatio-architecturale. Aujourd'hui la centrale électrique dédiée au projecteur a été transformée pour abriter un... Burger King ! Mais comme vous pouvez le noter au dessus de la porte, certaines traces de l'ancien temps subsistent...

Conçue par les architectes Ludwig Ruff et son fils Franz, la Kongresshalle est le plus grand bâtiment monumental d'architecture national-socialiste encore conservé, inscrit dans le cadre de la protection du patrimoine culturel. Elle était le centre des congrès de la NSDAP, avec une capacité de 50 000 places. La première pierre est posée en 1935, mais la guerre stoppera les travaux et le bâtiment est donc resté inachevé, sans toiture. Il se présente sous la forme d'un vaste théâtre romain avec un plan en U et deux bâtiments de tête. Le tout a un diamètre de 250 m et une hauteur de 39 m (70 m avaient été prévus), principalement en briques, avec une façade de granite. La façade extérieure est inspirée directement de celle du Colisée de Rome.

À partir de 1933, la promenade du Luitpoldhain (littéralement : « bosquet Luitpold ») fut remplacée par une zone de déploiement strictement structurée, d'une superficie de 84 000 m2, que l'on appela Luitpoldarena. Tribune et hall d'honneur furent alors reliés par un large chemin en granite. La Luitpoldarena accueillait les rassemblements de la SA et les SS : 150 000 personnes pouvaient y être rassemblées.

L’Ehrenhalle (« Hall d'Honneur ») était essentiellement consacrée à la commémoration des morts du putsch de la Brasserie, à Munich, en 1923. La principale « relique » était ici le Blutfahne (« drapeau de sang »), qui aurait été ramenée du putsch par les insurgés, portant le sang de l'un d'entre eux. Lors de la Blutfahnenweihe (« consécration du drapeau de sang »), les nouveaux drapeaux des unités de la SA et de la SS étaient « consacrés » par le toucher avec la Blutfahne.