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Jour 34 - Mercredi 15 Août - Part II

Le Pic Vert

Le pic-vert russe, surnommé aussi « moulinette à caviar » ou « mitraillette à caviar », est un signal radioélectrique célèbre de l'Union soviétique ; il était reçu sur les ondes courtes dans le monde entier à partir de juillet 1976. Son bruit ressemblait à un claquement sec et répétitif à une fréquence de 10 Hz ce qui lui a valu le surnom de « pic vert » (Ecoutez le bruit). Les sauts de fréquence aléatoires perturbaient gravement la réception des stations de radiodiffusion, le service radioamateur et les liaisons radio de service, si bien qu'il a généré des milliers de plaintes émanant du monde entier.

Les spécialistes ont rapidement pensé qu'il s'agissait d'un radar trans-horizon. Cette hypothèse a été confirmée publiquement au moment de la chute de l'Union soviétique et le système est maintenant connu sous le nom de « Duga-3 » ; il faisait partie du dispositif soviétique de veille lointaine des antimissiles balistiques. L'OTAN avait été au courant très tôt de ce système, l'avait photographié, et lui avait donné le nom de Steel Yard (surface d'acier). Mais il y a eu bien d'autres théories allant du controle de la météo au controle de la pensée humaine...

Nous passons le portail défoncé de ce qui était à l'époque un des lieux les plus top secret d'URSS... Comme il était difficile de cacher des pylones d'acier de 300 mètres da haut, l'endroit avait été référencé comme parc d'attraction sur les cartes régionales pour que l'ennemi puisse avoir une explication satisfaisante s'il repérait quelque chose via des photographies aériennes d'espionnage. La base employait près de 1.500 scientifiques, machinistes, militaires et techniciens avant son abandon précipité, en avril 1986, lors de l’explosion du réacteur n°4 de la centrale nucléaire. Pour ceux que ça interesse j'ai trouvé une page en français détaillant les batiments, vous verrez c'est une petite ville... (Cliquez ici)

Nos pas nous emmènent ensuite vers l’immense l’antenne de métal. Elle se dessine petit à petit à travers la végétation. Le lieu est étonnant et empreint d’une ambiance particulière. Le vent joue dans l’antenne et émet un son qui semble sortir d’outre-tombe. Peu de radioactivité est présente sur cette partie. Mon compteur Geiger indique un chouillat au-dessus ce que nous avons à Toulon.

La bête est vraiment impressionnante ! Imaginez, l'antenne la plus grande fait 500 mètres de longueur et 150 mètres de haut, sa voisine, mesure 90 mètres en hauteur. Pour info un radar 'trans-horizon' est un équipement radar qui permet le repérage d'une cible au delà de l'horizon. Les ondes radio se propagent normalement en ligne droite. Cette caractéristique limite leur portée, et donc leur efficacité, à l'horizon dû à la courbure de la Terre. Ceci représenterait environ 13 km dans le cas d'un radar situé à 10 m du sol en tenant compte des effets de réfraction atmosphérique. De façon générale, il est quasiment impossible d'envisager des radars de portée supérieure à quelques centaines de kilomètres. Les radars trans-horizon mirent en œuvre diverses techniques pour « voir » au-delà de l'horizon et eurent ainsi un rôle primordial dans les systèmes de veille lointaine avant la généralisation de la surveillance par satellite début des années 1990.

Nous continuons vers les infrastructures où nous parcourons un long couloir qui nous mènera à l’autre bout du site pour visiter des salles. Il fait très sombres à l'intérieur mais nos torches sont assez puissante pour éviter les nombreux trous et voir tout un tas de matériel électronique datant des années 1970. Tout a été détruit par les militaires eux même avant l'abandon de la base (sur ordre bien sur). Sur le chemin les anciens panneaux "d'éducation" à la bonne conduite sont toujours là. Comment tenir son fusil, comment dresser le drapeau, tout un tas de directives à connaître à la lettre.

Le complexe est vaste mais c'est dans la salle centrale qu'on ressent le mieux l'endroit. Ici sur de gigantesque tableaux les opérateurs pouvaient traduire tout ce que le radar récoltait comme informations.

Serj qui semble connaitre l'endroit comme sa poche nous conduit sur les toits. Là il me propose si je veux une meilleure vue, de grimper au sommer de la grande antenne. Il l'a déjà fait plusieurs fois mais je me sent vraiment pas d'escalader une structure en ferraille rouillée ET radioactive de 150 mètres de haut ! Il me montre quelques photos prise de sommet avec son portable il y a peu... Effectivement c'est pas mal... A faire dans une autre vie !

On termine par une visite rapide des anciens bâtiments avec quelques dessins muraux malheureusement à demi effacés. Il est temps pour nous à présent de filer vers le réacteur à l'origine de la notorité de toute cette région.

Notez pour finir l'existance d'un film documentaire réalisé par l'artiste ukrainien Fedor Alexandrovitch qui traite le sujet, un film nommé "Le Pic Vert Russe". Pour info je ne partage pas les conclusions de l'auteur et je pense que ce qu'il analyse comme des mystérieux coups de fils pour donner des ordres sont plutot des mystérieux coup de fils pour que tout le monde serve ensuite la meme histoire sur ce qui c'est passé sans que ça remette en cause le coté accidentel du truc... (Lien Youtube valide pour le moment)