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Jour 30 - Samedi 11 Août

Slavoutytch - Kiev

En matinée nous nous rendons au musée de la ville, un espace gratuit et très interessant qui couvre à la fois la création de la ville à partir de rien puis la vie dans la ville ces 30 dernières années.

La maquette permet de bien se rendre compte de l'organisation spaciale de la ville. L’ensemble est centré sur la place de l’hôtel de ville. Chaque bloc comprend deux secteurs : l’un constitué de pavillons, le second d’habitats collectifs, organisés autour d’un jardin d’enfants central. Le plan d’aménagement donne la priorité aux piétons et aux enfants. Ainsi, la ville est entourée de larges boulevards qui permettent aux voitures d’accéder aux différents quartiers en évitant de provoquer une intense circulation au centre. Il y a quatre ensembles scolaires (collège et lycée) numérotées de un à quatre, un stade, une piscine couverte, des gymnases, un hôpital... On y trouve tous les services publics nécessaires.

Slavoutytch comporte de très nombreux immeubles, plus ou moins délabrés suivant le pays qui les a construits. De nombreux ouvriers et ingénieurs expatriés y vivent, pour la gestion et le futur démantèlement programmé de la centrale de Tchernobyl. Ils finissent parfois par trouver une compagne, voire se marient et ont des enfants. D'autres viennent ici seulement pour la prime et pour le CV.

Mais, à certains égards cette nouvelle Pripyat semble parfois aussi morte que l'ancienne après le départ précipité de ses habitants. Bien que le niveau de vie y soit relativement élevé en comparaison d'autres villes ukrainiennes, les installations souffrent, faute d'entretien. De plus le nombre d'employés sur le site de Tchernobyl a drastiquement chuté depuis plusieurs années. Et puis la guerre du Donbass consécutive à la crise politique traversé par le pays depuis 2014 a mobilisé plusieurs jeunes de la ville sur le front.

Aussi insensé que cela puisse paraître, il y a eu une époque où des habitants d’Odessa ou de Kiev échangeaient volontiers leurs appartements contre un logement à Slavoutytch. Les gens croyaient réellement que l’avenir, ici, serait meilleur, radieux bien qu’irradié. Mais tout, en fait, y est comme partout ailleurs. Enfin, non, pas exactement. Ceux qui travaillent à la centrale ou dans la zone contaminée sont au régime des quinze/quinze : quinze jours de boulot, quinze jours de récupération.

C’est un drôle de rythme. Les temps d’oisiveté, que ce soit dans la rigueur de l’hiver comme dans la touffeur de l’été, se perdent souvent dans l’alcool, la drogue et le sexe. Les gens, ici, meurent plus de leurs excès que de la radioactivité accumulée. Dans la région, paraît-il, on dit qu’à Slavoutytch personne ne dort jamais dans un seul lit.

Nous rentrons sur Kiev en soirée pour profiter du samedi soir dans la capitale et du marché au puces demain matin... En se promenant dans un des grands parcs on tombe sur un excellent spectacle mélant une fanfare militaire de premier ordre avec des chanteurs indépendants. Bien sur on ne comprend rien aux paroles mais vu les hourra de la foule quand on entend le mot 'Ukraïna', on se dit que ça doit pas être des copains à nos amis russes...

On a passé une excellente soirée à Kiev mais comme plusieurs avenues deviennent pietonnes le Samedi soir vers la Place de l'Indépendance, on a encore galéré pour quitter le centre. Kiev est vraiment la pire ville que j'ai pu faire concernant la circulation automobile ! Mais ce point mis à part c'est une capitale qu'il faut visiter car elle présente un charme bien particulier !