© 2018. Tous Droits Réservés.

Jour 16 - Samedi 28 Juillet

Ile aux Cosaques - Zaporijia - Dnipro

Décidement, à peine quitte t-on l'extrême sud de l'Ukraine que cette satanée pluie réapparait ! Notre destination du jour est une ile sur le Dniepr, l'ile de Khortitsia. Plus longue (12 kilomètres) et plus étendue (27 km²) des îles du Dniepr, elle se situe sur le territoire de la ville de Zaporijia. L'île de Khortitsia est une terre sacrée pour les Cosaques ukrainiens mais avant c'était l'un des points stratégiques des Vikings sur la route reliant la Scandinavie à la Méditerranée.

L’origine du terme « cosaque » renvoie à une fonction, une catégorie d’individus, plutôt qu’à une ethnie ou un peuple. Dans le Codex Cumanicus, dictionnaire trilingue couman (langue turque), persan et latin, les cosaques y sont mentionnés comme étant des sentinelles, des gardiens ayant pour fonction de défendre la steppe des ennemis tatars. Le terme slave « cosaque » signifie « homme libre » ou « sans attache » et par extension vagabond ou aventurier.

Les premiers Cosaques, aventuriers, pirates et mercenaires, descendirent la Volga et colonisèrent les rives du fleuve russe, ainsi que, progressivement, celles du Don et du Dniepr. Incontestablement Mongols au départ, ils se slavisèrent rapidement. Ils s'installèrent dans la steppe du sud de la Russie et en Ukraine, au nord de la mer Noire.

Vers la fin du 15e, les premiers Cosaques d'Ukraine s'établissent entre les fleuves Boug et Dniepr, région sous l'autorité formelle du grand-duc de Lituanie jusqu'en 1569, du roi de Pologne ensuite. On trouve là surtout des paysans corvéables fuyant les obligations envers les seigneurs, des pauvres des villes, des aventuriers de toutes sortes, quelquefois issus de la noblesse, et des criminels de droit commun. Pour les jeunes nobles polonais aventureux, faire le cosaque permettait d'acquérir rapidement une grande expérience militaire.

Au début, ces personnes essayaient de devenir sinon cultivateurs du moins éleveurs, mais, attaqués par les Tatars, qui pillaient leurs récoltes et détruisaient leurs biens, ils se sont rapidement organisés en confréries militaires, vivant de chasse, de pêche et de rapines chez les Tatars, lorsqu'ils ne résidaient pas dans leurs camps retranchés, les sitch. La première de ces sitch fut installée en 1552 sur une île, la Mala Khortytsia, en aval des rapides du Dniepr, d’où leur nom de Cosaques Zaporogues (za porohy signifie « au-delà des rapides »).

La sitch des Zaporogues est du 16e au 18e siècle la capitale des Cosaques zaporogues. Lorsqu'en 1775 l'impératrice Catherine II de Russie soumet les Zaporogues, une partie d'entre eux s'installe dans le delta du Danube sous domination ottomane, où ils ont construit une sitch du Danube, alors que d'autres allaient s'installer dans le nord-ouest du Caucase.

La Sitch représentait un campement d'environ quatre cents habitations construites en bois et en terre sur un terrain dégagé. Chaque habitation pouvait accueillir environ quarante à cinquante hommes. Ces foyers étaient regroupés en trente-huit divisions dites kouréni dirigés chacun par son ataman, dit kourénnoï-ataman qui gère les biens de ses compagnons. Les kourénni-atamans sont soumis à un kochévoï-ataman. La vie de sitch impose le célibat à ses membres, les femmes en étant exclues.

Après l'ile aux Cosaques, nous faisons un bref tour de la ville de Zaporijia dont l'avenue principale, l'avenue Lénine, est l'une des plus grandes d'Europe avec une longueur de 10,8 km. La ville a fortement bénéficié de la mise en service en 1932 de la plus importante centrale hydroélectrique d'Ukraine et l'une des plus grandes d'Europe, la DniproHES. La construction d'un barrage sur le Dniepr avait déjà été proposée au 19e siècle afin d'inonder une section du fleuve où des rapides rendaient la navigation impossible. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville a souffert d'importantes pertes humaines car le 18 aout 1941, alors que les troupes allemandes sont sur le point d'arriver dans la ville, le barrage sur le Dniepr est dynamité par les soviétiques sans que la population ait eu le temps d'en être prévenue...

En début de soirée nous atteignons Dnipro qui se révèle immédiatement bien plus intéressantes que la triste Zaporijia.

Nous avons pris un hotel qui se situe à côté de la gare et comme nous sortons manger dans le coin on a une belle surprise en voyant le bâtiment. La gare d'origine n'ayant pas survécue à la seconde guerre mondiale, celle ci fut construite en 1951 sur les plans de l'architecte Alexey Dushkin, grand spécialiste des stations de métro et gares staliniennes. On ne s'atarde cependant pas dehors, une de nos règles de sécurité faisant qu'on se méfie beaucoup des quartiers de gare la nuit, quel que soit le pays !