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Jour 10 - Dimanche 22 Juillet

Jytomyr - Musée du Cosmos - QG Wehrwolf

Nous quittons Lviv pour Jytomyr en faisant une halte au château d'Olesko, malheureusement en dehors des heures ouvrables, ce qui n'empeche pas d'apprécier son très beau parc. Le château d’Olesko est la plus ancienne place forte de l’Ukraine Occidentale. Le château a probablement été construit au 13ème siècle et a ensuite été agrandi à plusieurs reprises. Il est surtout connu comme le lieu de naissance du roi Jean III Sobieski dont nous visiterons la demeure principale à Varsovie à la fin de ce voyage.

Si on voit régulièrement des tanks à l'entrée des villes de l'ex URSS (des tanks en mémorial, pas des tanks en activité !), il arrive aussi d'y voir des Mig quand la ville abritait un aéroport militaire ou une industrie fournissant l'aéronautique militaire.

Nous arrivons vers 11h00 à Jytomyr. La ville est entièrement entourée d'une ancienne forêt peuplée de loups, fief de nombreuses légendes. La ville est connue pour son musée du cosmos, ainsi que pour son pont suspendu au-dessus de la Teteriv, unique en Ukraine. Jytomyr est l'une des villes les plus anciennes de la Rous' de Kiev. D'après la légende, elle aurait été fondée en 884 par le prince Jytomyr, chef d'une tribu de Slaves, issus des Drevlianes. En 1240, la ville est saccagée par les Mongols de la Horde d'or et ses habitants massacrés. Jytomyr est la ville de naissance de Sergueï Korolev dont on peut voir le mémorial sur la photo suivante.

Korolev était un ingénieur, fondateur du programme spatial soviétique. Grâce à son génie visionnaire, sa force de caractère et ses talents d'organisateur l'Union soviétique acquiert une position dominante dans le domaine spatial à la fin des années 1950 et au début des années 1960 (Il est mort en 1966). Pour lancer un satellite dans l'espace, Korolev dut convaincre les membres du parti ainsi que les militaires, qui étaient sceptiques. L'objectif de Korolev était purement scientifique mais pour obtenir un accord, il trouva des arguments susceptibles de plaire aux militaires (développement de satellites espions) et aux politiques (propagande de la réussite technique soviétique face aux États-Unis). C'est ainsi que le 4 octobre 1957, l'URSS a lancé le tout premier satellite artificiel dans l'espace, le Spoutnik-1, qui après débat, avait pris la forme d'une sphère selon le vœu de Korolev.

On trouve à Jytomyr le plus beau musée du Cosmos d'Ukraine. Il retrace l’histoire de l’aérospatiale de l’URSS et de l’œuvre de Korolev. Après le succès de Spoutnik, Korolev a été le concepteur des capsules Soyouz dans lesquelles Youri Gagarine a effectué le premier voyage de l’homme dans l’espace. Il a aussi conçu d’autres appareils comme des fusées, des missiles ou des capsules pour animaux afin de tester l’influence de l’espace sur les êtres vivants.

Une étape très intéressante de la visite est de pouvoir découvrir en détail la capsule Vostok 3k1-2, celle qui a permis le premier voyage de l’homme dans l’espace effectué par le cosmonaute soviétique Youri Gagarine le 12 avril 1961 lors d’une mission spatiale appelée Vostok-1. Autant vous dire que c'est très exigu, on est loin de Star Wars / Star Trek (rayez la mention inutile je ne veux pas d'ennuie ! ;-) )

Le nom Soyouz désigne en fait tout une famille de vaisseaux spatiaux habités de l’URSS, concue au début des années 60. Ce type de vaisseaux a été utilisé de manière exclusive par les cosmonautes russes. Il permettait de desservir une orbite terrestre basse et d’assurer la relève des équipages des stations spatiales.

En mars 1965, les cosmonautes Pavel Beliaïev et Alexei Leonov décollent à bord de Voskhod 2 et le 18 mars, Leonov est le premier homme de l'histoire a effectuer une sortie extravéhiculaire en orbite autour de notre planète. C'est le tout dernier exploit de l'URSS dans le cosmos et il est magnifiquement rendu dans l'excellent film russe "The Spacewalker" sorti en 2017 (Réalisateur : Dmitry Kiselev). Le retard que va commencer à prendre l'URSS dans le domaine des ordinateurs va bientôt se révéler fatal pour garder sa position de leader en astronautique...

Après ce musée fort intéressant, nous faisons un tour en ville mais tout est fermé puisqu'on est dimanche. On se rend donc assez rapidement au grand parc 'Gagarine' qui se situe au bord de la Houyva.

En voilà une promenade agréable qui réserve une surprise de taille, un Tupolev 104 complet qui sert à la fois de décoration et d'attraction. Et à propos d'attractions, il y a ici tout un parc avec grande roue, balançoires, stands de tir et autres manèges où tournent des Mig peints en rose. C'est délicieusement décalé et désuet, un véritable voyage dans le temps. Le pont suspendu est assez impressionant, j'ai vraiment regretté que le temps pourri, même si il ne pleut pas, empeche de faire des photos correcte de l'endroit !

La journée n'est pas finie, on fait une trentaine de kilomètres pour atteindre Vinnytsia (et bien sur, on retrouve du soleil quand on n'en a plus besoin... La météo commençait gentiment à nous exaspérer à ce moment là du voyage ! ). On ne se rend pas en ville à proprement parler mais en périphérie pour voir un site historique de la seconde guerre mondiale.

Le Wehrwolf (« Loup-garou » en allemand) était le nom de code désignant le Quartier Général d’Adolf Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était situé à quelques kilomètres au nord de l'actuelle Vinnytsia. Il fut construit entre décembre 1941 et juin 1942 dans des conditions ultra-secrètes. L'emplacement peut avoir été influencé par l'autoroute transeuropéenne allant vers la péninsule de Crimée, qui aurait été reliée au site. La Wehrmacht avait son siège régional à Vinnytsia, et la Luftwaffe avait une forte présence à Kalinovka, base aérienne située à environ 20 kilomètres.

L'hébergement de Hitler à Wehrwolf se composait d'un chalet modeste construit autour d'une cour privée avec son propre bunker en béton. Le reste du complexe se composait d'environ 20 chalets et baraques en bois et jusqu'à trois bunkers de classe « B », le tout entouré par une clôture de fil de fer barbelé et des positions au sol défensives reliées par des tunnels. Il y avait une maison de thé, une boutique de barbier, un établissement de bains, un sauna, un cinéma et même une piscine ouverte à l'usage des habitants. Bien que cette piscine ait été principalement destinée à Hitler, il ne s'y est jamais baigné. L'installation contenait également un grand jardin potager organisé par la société horticole allemande Zeidenspiner pour fournir à Hitler la sécurité concernant l'approvisionnement alimentaire. Deux puits artésiens fournissaient le site en eau et le site avait ses propres installations de production d'électricité.

Lors de sa campagne de l'Est, Adolf Hitler a principalement résidé à la Wolfsschanze (près de Rastenburg, en Prusse-Orientale, actuelle Pologne). Il n'a séjourné au Wehrwolf qu'à trois reprises, du 16 juillet 1942 au 30 octobre 1942 (le temps était chaud, jusqu'à 45 °C, et les bunkers étaient humides. Hitler a attrapé une sévère grippe, avec une température jusqu'à 40 °C. C'est à ce moment qu'il a donné l'ordre de diviser son groupe d'armées Sud en deux parties pour essayer d'atteindre à la fois les champs de pétrole du Caucase et Stalingrad), du 19 février 1943 au 13 mars 1943 puis enfin du 27 août 1943 au 15 septembre 1943.

Les nazis ont détruit le site et ont miné l'accès au complexe souterrain lors de la retraite de la Wehrmacht face à l'avancée soviétique. Le site a été examiné après le départ des Allemands en mars 1944 sur ordre de Joseph Staline, mais aucune documentation n'y a été trouvée. L'Union soviétique a pris des mesures pour sceller définitivement les parties souterraines du complexe. Aujourd'hui, seule la piscine et des fragments de béton restent visibles sur le site, qui est devenu une zone de loisirs.