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Jour 9 - Samedi 21 Juillet

Lviv

Les grandes avenues de la Lviv austro-hongroise ont un petit air de Vienne. C'est très agréable d'y flâner. On peut aussi, ex région de l'URSS oblige, y jouer aux échecs. Des jeux sont disponibles pour qui veux jouer (Sans qu'il ne manque de pièces ou que les plateaux ne soit dégradés... Question : Quel serait à votre avis la durée de vie d'un jeu d'échec posé sur un banc de Paris ?

Alors qu’au 19ème siècle, les échecs en Russie étaient essentiellement un loisir pratiqué par la noblesse et l’intelligentsia, ce sont les Soviétiques qui ont popularisé le jeu avec succès (Des 11 champions du monde de 1921 à 1990, 7 furent soviétiques). Et c’est ainsi qu’en 1925 eut lieu le premier tournoi international de Moscou avec la participation des plus grands joueurs de l’époque, dont le champion du monde en titre, le cubain José-Raúl Capablanca, ou encore l’ex-champion du monde, l’allemand Emanuel Lasker. Ce tournoi a provoqué un véritable engouement dans le pays, ce qui inspira le réalisateur Poudovkine pour sa savoureuse comédie intitulée "La fièvre des échecs".

Dès lors, les échecs investissent les syndicats, les usines, les écoles, les villages, les clubs de l’Armée rouge et les palais des pionniers. Ils deviennent un loisir de masse. Dans les années 1930, les cercles des échecs des palais des pionniers devinrent les principaux centres de formation des jeunes joueurs et des compétitions étaient organisées régulièrement contribuant à l’émergence de futurs grands maitres d’échecs soviétiques.

Comme dans beaucoup de villes de l'ancienne 'Europe de l'Est', la circulation automobile est globalement bien plus facile que dans nos villes de l'ouest (Idem pour le stationnement). C'est du à la fois à des avenues larges et, il faut bien le dire, au niveau de vie qui fait que pas mal de gens circulent en transport en commun car ils n'ont pas les moyens d'avoir une voiture (L'essance par exemple, et même si les prix nous laissent rêveur puisque le prix du litre est légèrement inférieur à un Euro, reste terriblement chère quand on rapporte sa valeur au salaire moyen, un peu comme si en France le litre était à 4€ !)

Le Rynok, ou place du marché, est la place centrale de Lviv et le coeur de la vieille ville. Ce concept est apparue au 14ème siècle et est caractéristique de toutes les villes médiévales polonaises et allemandes.

L'aspect unique de la place du marché de Lviv résulte d'une loi. À cette époque la terre au centre d'une ville était follement chère (Ca n'a pas vraiment changé...) c'est pourquoi seul les représentants de la noblesse et les riches marchands pouvaient se permettre d'y avoir leur maison. La place centrale étant le lieu le plus prisé et pour éviter que les plus riches des riches y construisent d'énormes palais, la villle décida d'une loi dites des «possibilités égales». D’après cette loi il était interdit de construire une maison avec plus de trois fenêtres de largeur et plus haute que trois étages (Ce qui permettait donc de construire plus de maison autour d'une place donnée). C'est cette loi qui a conditionnée l'originalité architecturale de l'ensemble de la place de marché : les façades de la plupart des bâtiments n'ont effectivement que trois fenêtres.

Sur la place du Marché il y a quelques musées intéressants dont la pharmacie-musée où on peut découvrir le laboratoire alchimique et les vitraux des peintres viennois.

Le 27 janvier 1836 né à Lviv un homme appelé à devenir historien et journaliste mais surtout à donner son nom à une pratique encore très incomprise de nos jours. Il s'appelle Leopold von Sacher-Masoch. C'est Krafft-Ebing qui utilisa le premier le mot 'masochisme' pour nommer ce qu'il considère comme une pathologie, rendant ainsi le nom de Leopold von Sacher-Masoch célèbre en tant que concept. Mais en même temps, il fait tomber l'œuvre de l'écrivain dans l'oubli et il faudra le courage et la liberté du philosophe Gilles Deleuze pour libérer Leopold von Sacher-Masoch de l'indignité et pour le reconnaître en tant que grand écrivain. Depuis, une large majorité des romans et nouvelles de Masoch a été republiée et de nombreux biographes les commentent.

Une grande partie de l'œuvre de Sacher-Masoch est constituée par des contes nationaux et des romans historiques regroupés en cycles. Ses récits ont généralement pour héroïne une femme dominatrice ou sadique, comme dans "Eau de Jouvence" qui raconte l'histoire de la sanglante comtesse Élisabeth Báthory. Les héroïnes de Sacher Masoch ne se prétendent pas sadiques mais païennes : «Oui, regardez-moi bien, je suis pire qu'une hérétique, je suis une païenne».

C'est donc tout naturellement qu'un café a été ouvert en son honneur dans sa ville natale... Et quel café ! Tout en rouge et noir, l'intérieur sombre fait la part belle aux menottes, chaines et autres pinces... Des vitrines présentent de véritables petits bijoux en la matière. Le lieu se décompose en 3 zones : Une salle étroite et toute en profondeur avec tables et chaises débouche sur une pièce un peu plus vaste au fond où se trouve le comptoir et de vastes canapés, puis il y a un escalier qui descend... à la cave ! En journée ça reste très 'bon enfant', le bar est en pleine zone touristique et plein de gens viennent y boire un verre pour l'ambiance et les détails comme le fait que l'addition et la monnaie soit apportées dans des escarpins noirs. Les serveuses donnent bien quelques coups de cravache, pas trop fort, mais rien d'autre à moins qu'un amateur commence à rentrer dans le rôle et en demande plus...

Le soir par contre c'est une autre histoire et les choses deviennent beaucoup plus intéressantes, surtout pour ceux assez téméraires pour descendre à la cave. Cravaches, bougies, menottes et croix de Saint André (une sorte de X en bois accroché au mur permettant d'immobiliser quelqu'un en laissant un accès plein et entier aux zones 'interessantes' de son anatomie) sont à disposition. Les dominants et dominantes peuvent s'amuser avec leur conjoint consentent ou, rafinement sadique de premier ordre, le ou la confier à une des serveuses... Et n'allez pas imaginer des 'maids' quasi nues, les serveuses font plutôt dans le style 'Downtown Abbey', au détail du corset porté par dessus la robe de servente pour affiner la taille. Non ici c'est bien le soumis (ou la soumise) qui se retrouve rapidement peu vêtu et à la merci d'employées qui aiment visiblement leur travail ! Ils risquent fort de finir assis sur des sièges qui demandent de ne rien porter sous la ceinture afin de les apprécier à leur juste valeur...

Nous avons vraiment beaucoup apprécié Lviv, c'est une ville à taille humaine franchement sympathique a visiter. Elle ne donne par contre pas l'impression d'être en Ukraine à cause de son architecture tellement liée à l'Autriche Hongie. On y serait bien resté un jour de plus, notament pour voir le cimetière de Lychakiv ou le musée en plein air de Chemecha Hora mais la météo annoncée est affreuse ici pour les jours à venir...