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Jour 35 - 9 Août

Les Plages du Débarquement

La pointe du Hoc se compose d'une falaise de 25 à 30 mètres de haut précédée d'une aiguille qui s'avance dans la mer et elle surplombe une plage de galets d'une dizaine de mètres de large à ses pieds. Elle fut le théâtre d'une des opérations les plus osées du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944. Située entre les plages d'Utah Beach (à l’ouest) et d'Omaha Beach (à l'est), la pointe avait été fortifiée par les Allemands (WN 751) et, selon les reconnaissances aériennes alliées, était équipée de pièces d'artillerie lourde dont la portée menaçait les deux plages voisines. Il avait été jugé primordial, pour la réussite du débarquement, que les pièces d'artillerie soient mises hors service le plus rapidement possible.

Cette mission fut confiée au 2e bataillon de rangers américain qui réussit au prix de lourdes pertes à prendre le contrôle du site après avoir escaladé la falaise. Sur les 225 rangers engagés dans la mission ce jour-là, 90 seront en état de continuer à se battre. Par la suite, les pièces d'artillerie se révéleront n'être que des leurres en bois, les véritables batteries ayant été secrètement déplacées par les Allemands peu de temps auparavant et reculées de 1 300 m à l'intérieur des terres, sur le site de la batterie de Maisy, d'où elles pilonneront les plages du débarquement pendant trois jours (6-8 juin).

Affectée aux troupes américaines, Ohama Beach est la plage où les Alliés perdirent le plus de troupes, ce qui lui a valu le surnom de « bloody Omaha » (« Omaha la sanglante »). L'objectif à Omaha est de s'emparer et, ensuite, de tenir une tête de pont de huit kilomètres de large (la largeur de la plage !) entre Port-en-Bessin et la Vire et, dès que possible, de faire la jonction à l'est avec les Britanniques et à l'ouest avec le VIIe Corps américain débarqué à Utah Beach afin d'établir une tête de pont continue sur la côte normande. De multiples obstacles sont installés sur la plage pour interdire tout débarquement. Ces obstacles sont sous le feu de positions fortifiées construites sur le talus et la crête et équipées de mitrailleuses ainsi que de canons.

Le plan de débarquement ne se déroule pas comme prévu et dès le début, la situation prend une tournure catastrophique pour les Alliés. La mer est agitée et le vent fort. La quasi-totalité des chars amphibies coulent et seuls quelques-uns atteignent la plage. Des difficultés de navigation entraînent la plupart des barges, déportées par le courant, à débarquer hors des endroits prévus. La première vague américaine est clouée sur place, ne progressant pas et subissant de très lourdes pertes. Le commandement allié envisage un temps l'abandon d'Omaha2. Mais outre la perte des 15 000 hommes déjà débarqués, cette hypothèse présente le grand risque d'affaiblir la position alliée avec une tête de pont américaine d'Utah à l'ouest qui serait séparée de 60 km de la tête de pont anglo-canadienne à l'est.

Finalement quelques percées de la ligne de défense réussissent. De petits groupes réalisent des assauts improvisés sur le talus escarpé de la côte. Ils sont aidés par l'appui du feu de quelques navires de guerre qui, au risque d'être touchés par les batteries terrestres allemandes, ont fini par se rapprocher des plages. Ils commencent à prendre les défenses allemandes, mal défendues sur leurs arrières, à revers. D'autres unités suivent et d’autres percées sont réalisées depuis la plage. Les Américains doivent faire face à quelques contre-attaques allemandes, mais en milieu d'après-midi, le dernier blockhaus allemand est pris.

Nous faisons une halte au cimetière américain de Colleville situé juste au-dessus de la plage dite d’Omaha Beach. Inauguré officiellement en 1956 avec son mémorial, ce cimetière de 70 hectares honore les soldats américains morts pendant la bataille de Normandie. On dénombre 9386 tombes. Le territoire du cimetière est une concession perpétuelle faite par la France aux États-Unis, comme il est d'usage pour tous les cimetières militaires relatifs aux deux guerres mondiales. Il ne bénéficie pas de l'extraterritorialité : les États-Unis sont propriétaires du cimetière sur un territoire où s'applique le droit français.

On poursuit par la batterie de Longes sur mer. Le site comprenait 4 canons de marine de 150 mm de longue portée, chacun protégé par une casemate en béton armé, et différentes installations pour les servir et les défendre. Située dans la zone du débarquement allié en Normandie, entre les plages d'Omaha Beach et de Gold Beach, la batterie fut soumise à d'intenses bombardements aériens puis navals l'empêchant d'entrer pleinement en action le jour J et fut prise dès le lendemain par les troupes britanniques. Classée Monument historique, elle est dans un bon état de conservation.

Juno Beach fut assignée à la 3e Division d'infanterie canadienne. Le débarquement initial rencontre une vive résistance allemande, les bombardements préliminaires n'ayant pas été aussi efficaces qu'espéré et le mauvais temps forçant la première vague à retarder son débarquement, prévu entre 7 h 35 et 7 h 45. Plusieurs compagnies de la première vague, notamment celles des Royal Winnipeg Rifles et des The Queen's Own Rifles of Canada subissent de lourdes pertes dans les premières minutes du débarquement. Cependant, avec des forces supérieures en nombre et un support coordonné de l'artillerie navale et des escadrons blindés, les Canadiens parviennent à sécuriser la plupart des défenses allemandes en deux heures.